Photographie
1. Notions de base
Le principe de fonctionnement d’un appareil photographique est similaire à celui d’un œil. La lumière captée par l’objectif est déviée par une série de lentilles (aussi appelées éléments, pouvant pour certains s’associer en groupes) afin de converger sur le capteur lors du déclanchement de d’ouverture de l’obturateur (Figure 1.1). Le diaphragme, situé en aval des lentilles, permet le contrôle de la quantité de lumière délivrée au capteur. La distance parcourue entre les lentilles et le foyer (zone de convergence de la lumière) est appelée distance focale. Arrivée sur le capteur, l’image transmise est inversée par rapport à l’image originale.
Figure 1.1. Principe de fonctionnement d'un appareil photographique.
1.1. Distance focale
La distance focale – souvent abrégée par « focale » – correspond à la distance, mesurée.en mm, de convergence d’une lentille mince. Un objectif peut avoir une focale fixe (24 mm, 50 mm, 85 mm…) ou variable (10–18 mm, 18–55 mm, 75–300 mm…). Pour les focales variables, la distance focale est obtenue en jouant sur le déplacement des lentilles via la bague de mise au point.

La distance focale constitue un paramètre de grande importance en photographie de par son implication directe dans le champ d’observation. À 50 mm, la vision dans l’objectif est identique à celle de l’œil humain. En revanche, en dessous de 50 mm, les objets sont plus petits qu’à l’œil nu (grand-angle, wide angle) et au-delà, plus grands (téléobjectif, zoom). Ceci est directement en lien avec l’angle du champ de vision (Figure 1.2).

Figure 1.2. Angle du champ de vision pour différentes distances focales : grands-angles (vert), 50 mm (rouge) et téléobjectifs (bleu).
Mais en réalité, la distance focale dépend de la taille du capteur. Initialement, les appareils photographiques argentiques fonctionnaient avec une pellicule 36×24 mm (appelée 35 mm, correspondant à la hauteur de la pellicule). De nos jours, certains reflex ont des capteurs de taille identique (plein format, full frame), alors que d’autres ont des capteurs de taille réduite d’un facteur 1,4 à 1,7 (e. g. APS-C ou APS-H). Ces derniers réduisent le champ de vision (et donc l’angle du champ) d’autant que le rapport de taille du capteur est petit, ce qui modifie la distance focale apparente (Tableau 1.1). Ainsi, la taille de l’objet visible par un capteur APS pour une même distance focale sera plus importante (Figure 1.3).
Tableau 1.1. Correspondance des longueurs focales apparentes (en mm) selon le format du capteur.
plein format
36×24 mm

APS-H
28,7×19 mm (1,3×)
APS-C
22,2×14,8 mm (1,6×)
APS-C
23,6×15,7 mm (1,5×)
10
13 16 15
18 23 29 27
28 36 45 42
35 46 56
52
50 65 80 75
85 107 136 127
100 130
160 150
200 260 320 300
300
390 512 450
400 520 640 600
600 780 960 900
Figure 1.3. Lumière d’un objet capté par un appareil photographique : image entière via un capteur plein format (en rouge) et image réduite via un capteur APS (faisceau bleu).
1.2. Ouverture du diaphragme
La quantité de lumière délivrée au capteur est conditionnée par l’ouverture du diaphragme : plus il est ouvert, plus la lumière est transmise (l’image est donc plus claire). Inversement, pour obtenir une image sombre, il faut davantage fermer le diaphragme. Le diamètre de l’ouverture (D, en mm) correspond au rapport entre la distance focale (f, en mm) et le nombre d'ouverture (N, sans unité) ; elle est notée f/D (Figure 1.4). Au vu du calcul de la surface d’un disque, la relation entre le diamètre et la quantité de lumière ne peut être linéaire, et fait donc intervenir un carré. Ces réglages sont accessibles en modes manuel (M) et priorité ouverture (Av ou A).
Figure 1.4. Différents niveaux d’ouverture du diaphragme.
L’ouverture du diaphragme permet également de jouer sur la profondeur de champ : zone nette de l’image. Plus l’ouverture du diaphragme est grande, plus la lumière se répand dans l’espace et ne permet qu’à une mince zone d’être proche du point focal. Les points en dehors du capteur seront flous : c’est le flou d’arrière-plan (bokeh). En revanche, avec une ouverture réduite, la lumière parcourue se rapproche d’un rayon unique permettant ainsi de limiter les flous autour du plan focal (Figure 1.5). De plus, le flou augmente en s’éloignant de la zone de mise au point. Ainsi, la profondeur de champ est influencée par la distance entre l’appareil photographique et l’objet : elle est réduite en utilisant un téléobjectif comparé à un grand-angle.
Figure 1.5. Profondeur de champ pour diverses ouvertures de diaphragme.
1.3. Vitesse d'obturation
La vitesse d’obturation (exprimée en seconde) définie le temps de pose, c'est-à-dire la durée pendant laquelle l’obturateur est ouvert et permet l’exposition du capteur. Plus la vitesse est élevée, moins le capteur reçoit de lumière, et plus l’image est sombre. Ce réglage est possible en modes manuel (M) et priorité vitesse (Tv ou S). Au-delà de 30 s, ou pour un contrôle manuel de l’ouverture et de la fermeture de l’obturateur, il est possible d’utiliser le mode pause longue ou BULB (B).

La vitesse a également un effet collatéral : le flou de bougé lié à la stabilité de l’appareil ou à celle de l’objet. Plus l’ouverture est longue, plus le risque de flou de bougé est important. En dessus de 1/60 s, l’absence de flou devient néanmoins délicate. Ce flou est également dépendant de la distance focale (plus de sensibilité aux mouvements à de grandes focales). La limite à ne pas dépasser est de 1/f s (e. g. 1/50 s à 50 mm, 1/100 s à 100 mm). Le stabilisateur d’image peut aussi limiter ces mouvements.

En revanche, un effet flouté peut être volontaire dans certains cas : par exemple, pour donner un mouvement à un sportif ou pour lisser une cascade d’eau. Malgré tout, si les réglages des autres paramètres s’avèrent insuffisant pour contrebalancer la quantité de lumière, il est possible d’ajouter à l’objectif un filtre à densité neutre (ND). Il s’agit d’un filtrage équitablement de tous les rayonnements indépendamment de leur longueur d’onde. Il détermine un facteur d’atténuation (ND 2 à ND 1 000 ou plus) qui correspond au coefficient de réduction de la quantité de lumière (ND 2 pour 1/2 = 50 %, ND 1 000 pour 1/1 000 = 0,1 %).

1.4. Sensibilité
La sensibilité du capteur à la lumière – ISO – influence la luminosité de la photographie. La valeur standard est 100 ISO. En augmentant la sensibilité, on favorise le bruit numérique, les points parasites qui font perdre de la netteté dans les détails. C’est pour cette raison qu’il est préférable, autant que faire se peut, de travailler à de faibles ISO pour limiter le bruit. Il n’y a guère que dans des conditions trop sombres que la sensibilité doit être augmentée. Dans certains cas, néanmoins, le bruit peut être volontaire pour donner un effet de grain à la photographie.
1.5. Exposition
Les trois paramètres précédemment évoqués – ouverture du diaphragme, vitesse d’obturation et sensibilité – doivent être programmés conjointement du fait de leur interconnexion, afin d’obtenir la meilleure exposition (Figure 1.6). Si la quantité de lumière arrivant au capteur est trop importante, on parle de surexposition. À l’inverse, il s’agit d’une sous-exposition. Ce triangle doit être adapté à chaque situation : favoriser l’ouverture pour un portrait pour en limiter le bruit, favoriser la vitesse pour une scène sportive pour en limiter de flou.
Figure 1.6. Triangle d’exposition à partir de l'ouverture du diaphragme, vitesse d’obturation et sensibilité.
L’indice de lumination IL (exposure value EV) correspond au niveau de lumière ambiante : IL > 0 en conditions lumineuses, IL > 0 dans les situations sombres. Arbitrairement, un indice de 0 correspond à une ouverture de diaphragme de f/1 pour 1 s de pose à 100 ISO. Les trois paramètres décrits dans le triangle d’exposition permettent de corriger cette luminosité : si l’on double la quantité de lumière (e.g. d’un temps d’exposition de 1/100 à 1/50 s ou d’une sensibilité de 200 à 400 ISO), on augmente l’indice d’une unité, et inversement en diminuant la quantité de lumière. Si l’on souhaite maintenant modifier un paramètre (e. g. réduire la profondeur de champ en augmentant l’ouverture du diaphragme) tout en gardant la même exposition, il faut donc corriger l’un des deux autres paramètres du triangle. Cette échelle est relative et logarithmique. Comparée à la vitesse d’exposition et à la sensibilité, l’ouverture du diaphragme ne répond pas linéairement à cette relation (cf. calcul d’une surface d’un cercle) ; seuls les paliers suivants définissent une différence de ±1 IL : f/1, f/1,4, f/2, f/2,8, f/4, f/5,6, f/8, f/11, f/16, f/22, f/32.

En indiquant une correction d’exposition souhaitée, il est possible de forcer l’appareil photographique à surexposer ou à sous-exposer l’image par palier de 1/3 IL, jusqu’à ±3 IL ; cette fonction est absente du mode manuel (M) du fait du contrôle total des trois paramètres du triangle d’exposition. Un post-traitement d’une série de photographies d’une même scène à différentes exposition (à l’aide de la fonction bracketing) est également possible pour corriger une image comprenant à la fois des zones sombres et des zones claires.

1.6. Balance des blancs
Selon les conditions de la prise de vue (météorologie, lumière naturelle ou artificielle…), les couleurs du rendu photographique ne sont pas identiques. La balance des blancs permet de compenser toute modification de températures des couleurs (exprimées en Kelvin, Figure 1.7) pour que le blanc conserve sa couleur. En choisissant une température de correction (cette température devient celle du blanc de référence), l’appareil photographique modifie l’équilibre du spectre des couleurs : la lumière générale devient plus froide (bleu) lorsque l’on choisit de faibles températures, et plus chaude (jaune/rouge) à des températures élevées.
Figure 1.7. Échelle de température des couleurs (K)
Outre le mode automatique, plusieurs modes programmés sont disponibles sur tout appareil photographique (Tableau 1.2). Ils correspondent à des températures caractéristiques de certaines conditions. Il est également aisé de personnaliser manuellement la balance des blancs en photographiant un objet blanc comme témoin de la température de la source lumineuse, ou tout simplement en indiquant la température souhaitée. À titre d’exemple, toutes les conditions ensoleillées ne sont pas équivalentes : préférez une température proche de 3 000 K pour un levé de soleil, 4 500 K en matinée ou après-midi, 5 500 K en milieu de journée, voire 6 500 K par très grand soleil. À l’inverse, une température plus faible (1 500 K) est privilégiée pour un éclairage à la bougie.
Tableau 1.2. Modes programmés pour la balance des blancs.
  signification temperature (K)
  automatique
3 000 à 7 000

lumière du jour 5 200

ombragé 7 000

nuageux, crépuscule, coucher de soleil 6 000

lumière tungstène 3 200

lumière fluorescente blanche 4 000

flash auto
1.7. Profils d'image
Selon la situation et l’ambiance, il est aisé de paramétrer la netteté, le contraste, la saturation et la teinte des couleurs au sein d’un profil d’image. Plusieurs profils sont proposés par les appareils photographiques, d’autres sont personnalisables.
1.8. Mise au point
La position des lentilles entre-elles permet d’ajuster la mise au point, qu’elle soit manuelle (via la bague d’ajustement) ou automatique (autofocus). Dans le cas d’une mise au point automatique, il est important de définir la zone sur laquelle la mise au point doit être effectuée en utilisant un (point sélectif), plusieurs (dynamique) ou tous (automatique) les collimateurs. Trois modes permettent de mieux adapter la mise au point automatique selon le type de scène : 
- automatique (AI FOCUS ou AF-A) ;
- ponctuel (ONE SHOT ou AF-S) : en situation figée pour garder la mise au point en un seul et même endroit ;
- continu (AI SERVO ou AF-C) : en situation dynamique pour suivre un mouvement.

2. Réaliser une photographie
Chaque condition est unique. Chaque photographie l’est également. Connaître les paramètres de réglage de son appareil photographique n’est souvent pas suffisant. Outre le cadre, la scène et le sujet, une photographie requière de trouver la meilleure combinaison entre ces paramètres. Les principales situations sont abordées ici, incluant un réglage général. Il n’est bien entendu pas exclu d’en sortir, selon l’effet souhaité, à condition de toujours respecter une exposition correcte via les trois paramètres du triangle d’exposition.
2.1. La photographie en intérieur
2.1.1. Le portrait
La principale difficulté dans la photographie de portrait réside dans le cadrage. Centrer le sujet peut rendre l’image sans intérêt. La règle des tiers (diviser largeur et hauteur par trois et y placer le sujet sur l’un des points de croisement) permet de grandement l’améliorer. Pour un meilleur cadre, il est préférable d’éviter le grand-angle qui a pour conséquences de fortement déformer le sujet. Un objectif de 50 mm ou supérieur est plus approprié à la situation. Prioriser l’ouverture (f/2,8 environ) permet de faire ressortir le portrait en floutant l’arrière-plan, ce dernier devant être minimisé dans ses dimensions. En mode manuel, la vitesse d’obturation ne doit être ni trop rapide (< 1/300 s) pour éviter le manque de lumière du fait des conditions en intérieur, ni trop lente (> 1/60 s) pour éviter le flou de bougé.
2.1.2. En faible lumière
La prise de vue en intérieur (à la maison, dans une église, en salle de sport…) est caractérisée par la faible quantité de lumière. Pour pallier le manque de luminosité, l’ouverture du diaphragme doit être maximale (ce qui réduit la profondeur de champ), quitte à ralentir l’obturation ou à monter en sensibilité. Un flash orientable ou un trépied peut aider dans certaines situations, en fonction de la qualité du boîtier. Cas particulier : la salle de concert s’avère encore plus sombre et les mouvements peuvent être plus rapides ; il est possible d’utiliser le levier sensibilité (800 ISO ou plus, jusqu’à 1 600 ISO pour les bons boîtiers) afin de réduire le flou de bougé via la vitesse (1/100–1/250 s environ).
2.2. La photographie en extérieur
2.2.1. En pleine nature
Bien évidemment, photographier la nature, qu’elle soit urbain ou non, est aussi vaste par l’immensité des paysages qui s’offrent à nous. Les réglages sont donc également assez variés, d’un objectif grand-angle pour la largeur d’une montagne (voire une composition panoramique en post-traitement) à un téléobjectif pour une marmotte gambadant sur cette montagne. Le mode semi-automatique est idéal, selon le choix privilégié (petite ouverture pour garder une bonne profondeur de champ ou vitesse rapide pour limiter le flou de bougé). La balance des blancs s’adapte en fonction des conditions ensoleillées ou nuageuses.
2.2.2. Lever et coucher de Soleil
Les lever et coucher de Soleil nécessitent une situation géographique adéquate : à l’est pour le lever et à l’ouest pour le coucher. L’intérêt de ces moments particuliers est les couleurs vives, ce qui n’est pas toujours évident au rendu du fait du fort contraste. La sous-exposition permet de saturer l’image et ainsi de mettre les couleurs en valeur. Fermer son diaphragme est utile pour deux raisons : abaisser la luminosité et rendre les premiers plans nets. Lorsque le contraste est vraiment important, l’utilisation d’un filtre gradué à densité neutre (GND) ou de combiner plusieurs images à différentes expositions (digital blending) en post-traitement, si la situation s’adapte bien (mouvement de la mer au premier plan pas trop rapide). Une pose longue est également possible, en particulier avec une mer agitée devant, en ajoutant un filtre à densité neutre (ND 400–ND 800).
2.2.3. La pose longue
La pose longue permet de lisser les mouvements, telle que l’eau (un bord de mer ou une cascade de montagne) ou la foule. Pour éviter tout flou de bougé, cette technique nécessite l’utilisation d’un trépied et d’une télécommande. Pour éliminer les vibrations, il est également possible d’activer le verrouillage du miroir. La priorité ouverture permet de sélectionner une fermeture maximale, ce qui a pour conséquence directe d’augmenter le temps de pose. Pour une pose relativement longue (de l’ordre de plusieurs secondes), il est possible de choisir le mode priorité vitesse ou pose longue (BULB). Dans ce cas, l’utilisation d’un filtre à densité neutre est indispensable en journée.
2.3. La photographie de nuit
La photo de nuit requière une adaptation au manque de lumière. Les trois pistes du triangle d’exposition sont envisageables : l’ouverture du diaphragme (sans nuire à la profondeur de champ), la vitesse d’obturation (tout en limitant le flou de bougé), et la sensibilité (en évitant le bruit numérique). Trépied et télécommande sont donc indispensables en poses longues lors de prises de vues de nuit. Plusieurs tentatives sont souvent nécessaires pour régler manuellement la mise au point. Deux conseils supplémentaires : le blocage du miroir évite les micro-vibrations lors de la prise de vue et la désactivation du bruit (bruit exposition longue durée et bruit ISO) à corriger en post-traitement.

La ville de nuit offre un avantage comparée à la campagne : la lumière y est plus importante, dans une certaine limite. Si malgré toutes les ruses utilisables (augmenter l’ouverture, ralentir la vitesse et accroître la sensibilité) l’image demeure trop sombre, il est de mise d’utiliser un trépied, ce qui permet également de garder de faibles ISO et de limiter le bruit.

2.3.1. Les feux d'artifice
Les feux d’artifice n’étant pas fixes, si l’on souhaite avoir un bouquet complet sur la photographie, il est nécessaire d’adapter son temps de pose à plusieurs secondes. Du fait des conditions nocturnes, la luminosité ne dépend pas de la vitesse d’obturation, mais de la durée d’éclairement du feu. Son contrôle peut se faire via l’ouverture du diaphragme en évitant ainsi d’augmenter les ISO et le bruit numérique ; attention cependant à ne pas choisir une ouverture trop grande pour ne pas limiter la profondeur de champ (surtout avec une mise au point manuelle). Le choix du grand-angle ou du téléobjectif dépend de la distance de l’événement.
2.3.2. Les éclairs
La photographie d’éclairs se réalise préférentiellement de nuit. Du fait de la courte durée de l’événement, une pose longue s’impose (> 15 s ou manuelle) ce qui nécessite l’utilisation d’un trépied et d’une télécommande pour éviter tout mouvement de l’appareil. Selon les conditions (localisation, densité des éclairs, distance de l’orage, luminosité du ciel…), les réglages peuvent différer. Le voile lumineux des environnements urbains, par exemple, produit souvent une lumière de fond sur la photographie : il est donc préférable d’augmenter la vitesse d’obturation (< 10 s). Le choix de la focale dépend de la distance de l’orage : grande ouverture (f/2,8) pour les orages lointains, petite ouverture (f/11) pour les orages proches pour limiter la surexposition. Le blocage du miroir peut s’avérer utile pour les poses longues afin d’éviter un léger flou de bougé lors du déclanchement de la prise de vue.

Les éclairs de jour constituent de vrais challenges : la luminosité trop importante limite la pose longue à 1/150 s, voire 1/10 s par ciel gris sombre. Par conséquent, la prise de vue en mode rafale s’avère nécessaire pour espérer avoir un éclair sur une photographie. L’utilisation d’un filtre à densité neutre peut être utile pour assombrir le paysage et diminuer la vitesse d’obturation.

2.3.3. Le ciel nocturne
Il existe plusieurs types de photographies nocturnes : le champ large (nightscape) via un grand-angle lumineux, le planétaire (la Lune et les planètes du système solaire) via un téléobjectif et le champ profond pour les objets lointains (galaxies, nébuleuses, amas…) via un télescope ou une lunette astronomique et un système de compensation de la rotation terrestre. Concernant le champ large, la sensibilité doit être haute sans trop altérer l’image par du bruit numérique (selon la qualité du boîtier, certains peuvent monter facilement à 4 000 ISO) et l’ouverture maximale (fermer légèrement le diaphragme permet cependant d’améliorer la netteté des étoiles). La vitesse d’obturation est ajustée en dernier ; veillez cependant à ne pas laisser l’obturateur trop longtemps ouvert pour éviter les traînées d’étoiles (observé à partir de 25 s pour une focale à 17 mm et à partir de 10 s pour une focale à 35 mm). La mise au point est une partie délicate, la mise au point infinie est rarement la bonne. Il est préférable de zoomer au maximum sur une étoile en utilisant le liveview et de faire varier la mise au point manuellement jusqu’à la voir aussi petite que possible.
2.3.4. Les aurores polaires
Comme pour immortaliser la Voie lactée, les aurores polaires nécessitent un objectif à grande ouverture (f/2,8 minimum). Les réglages sont généralement similaires au ciel nocturne, avec un temps de pose pouvant être réduit dans les cas de forte intensité aurorale. Le grand angle donne une meilleure image finale, surtout en reliant le ciel à des éléments terrestres (arbres, lacs, montagnes…).
2.4. La macrophotographie
La macrophotographie s’intéresse à des rapports de reproduction (ou grandissements) de 1:1 (×1) minimum (1 cm en réel représentera 1 cm sur le capteur). Plusieurs objectifs macrophotographiques sont disponibles, à différents rapports de reproduction et focales et tirages mécaniques (distance entre la bague et le capteur). Plusieurs difficultés peuvent cependant survenir. À ces rapports, la profondeur de champ est relativement réduite (de l’ordre de quelques mm). Dans de telles conditions, la mise au point automatique est souvent délicate. Fermer le diaphragme permet de corriger la profondeur de champ, mais introduit un obstacle supplémentaire : la luminosité réduite. Elle est d’autant plus faible que l’on s’élève dans les grossissements (e.g. ×3 à ×5). Trois solutions sont possibles : augmenter le temps de pose (si l’appareil est stabilité à l’aide d’un trépied), augmenter la sensibilité, ajouter une source de lumière artificielle (flash dédié à la macrophotographie).
3. Post-traitement photographique
Les appareils photographiques numériques proposent deux formats d’enregistrement : le format JPEG (.jpg) et le format RAW (l’extension varie selon la marque du boîtier : .cr2 pour Canon ou .nef pour Nikon). Le second format est comparable à un négatif de l’image, c’est-à-dire au brut du capteur contenant toutes les informations. Ce fichier ne correspond pas à une image réelle tant que les paramètres n’ont pas été déterminés. Il permet de traiter a posteriori et de façon plus performante l’exposition, le contraste, la balance des blancs, la saturation et la vibrance des couleurs à l’aide de logiciels informatiques (Adobe Photoshop, Adobe Lightroom, DxO OpticsPro…). Le post-traitement permet également un certain nombre de manipulations comme la création d’une vue panoramique ou la combinaison de plusieurs images.
3.1. Corrections de l'image
Un certain nombre de paramètres sont modifiables à l’aide de logiciels de traitement d’images. Il faut apprendre à jouer avec afin d’améliorer ces clichés, mais sans en abuser. Outre les fonctions classiques de recadrage ou de rotation, ces logiciels permettent la correction de la balance des blancs en choisissant une température adéquate. De même, chaque couleur peut individuellement être accentuée ou diminuée via sa teinte, sa saturation et sa luminance. Une image sur- ou sous-exposée peut être corrigée à partir de l’exposition, qui correspond à la quantité de lumière reçue pendant la prise de vue. Le contraste (différences de luminosité entre les zones lumineuses et les zones sombres) permet d’accentuer une image : les blancs deviennent plus blancs et les noirs plus noirs. Une correction plus spécifique peut être appliquée par tonalité (blancs, lumières hautes, tons clairs, tons sombres, ombres et noirs) permettant de jouer sur certaines zones de l’image. Pour obtenir davantage de détails dans l’image, la clarté ajoute du contraste sur les tons moyens, et la saturation rend les couleurs plus ou moins vives. Si la saturation agit sur toutes les couleurs de façon indifférenciée, la vibrance n’accentue que les couleurs initialement les moins saturées.

Une image floue peut être améliorée par le détail à travers la netteté et la réduction du bruit. Plusieurs paramètres permettent une correction automatique des défauts liés à l’objectif (base de données généralement incluse dans les logiciels) : distorsion (aberration géométrique), vignetage (coins assombris par manque de luminosité en périphérie de l’objectif) et aberration chromatique (contours flous et colorés suite à la diffraction de la lumière blanche par les lentilles). Autrement, une correction manuelle est possible.

3.2. Techniques spécifiques
3.2.1. La vue panoramique
Devant un large paysage que même un objectif d’une focale de 10 mm ne permet pas d’immortaliser en une seule et même prise de vue, il peut être utile de savoir comment réaliser un panorama en combinant des images prises à partir d’orientations différentes. Certains logiciels plus ou moins performant permettent de réaliser ce type de traitement, jusqu’au 360 °, tels que Kolor Autopano, Hugin, Adobe Lightroom ou Adobe Photoshop.
3.2.2. Image dynamique à exposition multiple
Les images trop contrastées (paysage sombre sur ciel bleu ou paysage coloré sur ciel blanc) nécessitent une combinaison d’images à exposition multiple (si possible, sur un intervalle de temps réduit). Ces prises de vues peuvent être réalisées manuellement (en modifiant la vitesse pour garder la même profondeur de champ, par exemple) ou automatiquement (par la fonction bracketing en mode priorité ouverture, par exemple). Le rôle du post-traitement est de sélectionner les zones de chaque image à conserver dans l’image finale. Plusieurs techniques existent, plus ou moins simples d’utilisation : 
- HDR (high dynamic range) : automatisation pixel par pixel (e.g. Adobe Lightroom) ;
- digital blending : fusion manuelle des zones de l’image que l’on souhaite corriger (e.g. Adobe Photoshop).

3.2.3. Empilement d’image en astrophotographie
L’un des obstacles majeurs rencontrés en astrophotographie est l’apparition de bruit. Afin de limiter ce problème, il est possible de combiner plusieurs images pour augmenter le rapport signal/bruit de l’image finale. Cette technique, appelée stacking, ne modifie pas la luminosité et améliore le rapport signal/bruit avec la racine carrée de nombre total d’images combinées (pour 10 images, le rapport est de 3,16, pour 100 images, il est de 10). Certains logiciels sont spécialisés dans ce traitement, comme DeepSkyStacker, mais il est possible de le faire avec Adobe Photoshop (en utilisant Photomerge pour recadrer automatiquement les images). Cette technique permet également de réaliser des filés d’étoiles (lighten sceen blending) à partir d’une multitude de courtes poses prises sur une longue période (Starmax est un logiciel bien adapté pour ça). Si des pixels « chauds » apparaissent sur les clichés bruts (pixels colorés en lien avec la température), une correction supplémentaire consiste à réaliser une prise de vue témoin dans les mêmes conditions (ouverture, vitesse et sensibilité) dans le noir en utilisant le bouchon de protection ; cette image appelée dark sera soustraite aux autres images.
3.2.4. Fusion d’images en macrophotographie
Le principal problème auquel on doit faire face en macrophotographie est la faible profondeur de champs, principalement à de fort rapport de reproduction. La technique du focus stacking permet de corriger en compilant plusieurs images faites à des plans focaux différents afin d’obtenir une image finale avec une profondeur de champ maximale. Pour cela, il faut prendre plusieurs prises de vue et faire varier la mise au point en utilisant une platine roulante. Plusieurs logiciels proposent un traitement automatisé : Helicon Focus, Combine ZP, ou même Adobe Photoshop.
3.2.5. Tilt-shift
Le tilt-shift permet de réaliser un effet miniature. Le principe est simple : réduire artificiellement la profondeur de champ en ajoutant des zones floutées aux premiers et arrières plans de l’image. Ceci est rendu possible à l'aide de calques dégradés sous Adobe Lightroom ou Adobe Photoshop.
3.2.6. Time-lapse
Assembler des photographies pour réaliser un film accéléré est une technique appelée time-lapse. Mais ceci nécessite du matériel spécialisé : un trépied stable et un intervallomètre pour le contrôle des prises de vue, voire un équipement motorisé pour y ajouter du mouvement. La fréquence des prises de vue dépend du sujet : une image toutes les secondes (coefficient d’accélération de 25) pour une foule en mouvement, une avenue fréquentée ou des nuages rapides, toutes les 1–3 s pour un coucher de Soleil, toutes les 15–30 s pour le ciel étoilé ou des mouvements d’ombres, toutes les 5–30 min pour la croissance d’une plante ou un bâtiment en construction. Si des logiciels simples d’utilisation existent (par exemple, Picasa), un seul logiciel permet une réalisation minutieuse et robuste : LRTimelapse qui fonctionnement avec Lightroom.